Ces derniers temps, vous avez obtenu des rendez-vous très tard ou par hasard votre patron a récemment commencé à vous critiquer non seulement en privé, mais aussi lors de la réunion d'équipe. Vous vous retrouvez toujours coincé avec les tâches impopulaires. Coïncidence ou signe d’intimidation ? On répond aux questions sur l’" intimidation au travail" et explique le contexte.
Conflit ou intimidation ?
La pression au travail est aujourd'hui plus forte que jamais : incertitude quant à l'avenir, peur du chômage, concurrence constante, pression massive en termes de performances et de temps, nécessité de s'adapter constamment à de nouveaux processus, tâches, hiérarchies et lieux.
La nécessité de changer sans cesse de centre de vie et d'établir de nouveaux réseaux sociaux. Il n'est pas étonnant qu'une telle pression affecte souvent les conditions de travail, l'atmosphère de travail et les performances des employés.
Un cercle vicieux se développe
Une conséquence possible est la mise en place de campagnes de dénigrement contre des employés individuels. De même que les enfants choisissent souvent les faibles pour les "rabaisser", les adultes dans la vie professionnelle cherchent de plus en plus souvent des victimes aux dépens desquelles ils peuvent soulager leur propre pression ou gravir plus rapidement les échelons de leur carrière. Les signes d'intimidation sont d'abord subtils.
Souvent, le processus initié prend de l'ampleur et beaucoup d'autres personnes s'y joignent, souvent par peur de devenir elles-mêmes des victimes. Même lorsque les signes sont devenus évidents, beaucoup de personnes concernées hésitent longtemps à demander de l'aide, après tout, vous ne voulez pas avoir l'air d'un faible dans votre vie professionnelle. Cela conduit souvent à un cercle vicieux.
Signes d'intimidation
Si les attaques psychologiques se produisent régulièrement et sur une longue période, vous devez prendre ces signes de harcèlement au sérieux (et prendre des contre-mesures à un stade précoce) :
Manque de communication : plus personne ne vous parle, les conversations se taisent à votre approche, des rumeurs sont répandues à votre sujet.
Exclusion : vous n'êtes plus invité aux réunions ou aux activités communes, les projets sont répartis entre les collègues et on ne vous confie que ce qui reste, une charge de travail insignifiante ou impossible à gérer.
Injustice : vos performances professionnelles sont mal évaluées, on vous reproche vos erreurs, votre patron vous critique constamment, vous ne pouvez rien faire de bien, les discussions sont menées de manière non objective.
Les brimades peuvent avoir des conséquences
Les conséquences pour la victime d’intimidation se situent à différents niveaux. Au centre se trouve le stress permanent, qui résulte d'attaques constantes contre l'estime de soi et le sentiment de sécurité, mais aussi de la charge de travail accrue et désagréable. Au début, des plaintes psychosomatiques apparaissent généralement : Problèmes gastro-intestinaux, maux de tête, troubles du sommeil, sueurs nocturnes. Le déficit constant de sommeil entraîne des problèmes de concentration, de la fatigue et une humeur dépressive.
Au fil du temps, ce phénomène s'étend également à la vie privée. De nombreux malades n'ont plus d'énergie, perdent le plaisir et l'intérêt pour leur famille et leurs loisirs, l'abattement se transforme en une véritable dépression. Souvent, ils ne voient pas d'issue à leur situation et désespèrent, il y a même des tentatives de suicide. En outre, des troubles du système cardiovasculaire peuvent également survenir : Un cœur qui trébuche ou qui s'emballe, une pression artérielle élevée et même une crise cardiaque.
Pas d'infraction banale
Le harcèlement moral n'est pas une infraction banale, après tout, il a des conséquences physiques et psychologiques prononcées pour la plupart des victimes, pouvant aller jusqu'à l'incapacité de travail. Cela a également des conséquences économiques pour les employeurs et les employés : les absences pour cause de maladie s'accumulent, les performances et la qualité du travail diminuent.
Quels sont les éléments constitutifs du harcèlement moral ?
La répétition des agissements incriminés
Pour être constitutif de harcèlement moral, les agissements doivent être répétés. Un acte isolé, même s’il est répréhensible, ne peut conduire à la qualification de harcèlement moral.
En revanche, il n’est pas nécessaire que les agissements incriminés interviennent à des intervalles rapprochés. Les faits peuvent donc être espacés dans le temps.
Enfin, la période de harcèlement peut être courte. Ainsi, quelques jours suffisent pour caractériser le harcèlement moral.
Les conséquences produites par les agissements incriminés
Pour être qualifiés de harcèlement moral, les agissements incriminés doivent être susceptibles d’engendrer l’une ou l’autre des conséquences suivantes :
- Porter atteinte aux droits et à la dignité du salarié : mise au placard, brimades, humiliations, manque de respect ;
- Altérer la santé physique ou mentale du salarié : le salarié peut être contraint d’arrêter son travail pour dépression, de prendre des antidépresseurs ;
- Compromettre son avenir professionnel.
Obligations de l’employeur en matière de harcèlement moral
L’employeur a une obligation de sécurité et donc une obligation de résultat. Ainsi, l’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires en vue de prévenir le harcèlement moral (article L.1152-4 du Code du travail). Il lui appartient ainsi de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les actes de harcèlement moral.
Par ailleurs, l’article L.4121-1 du Code du travail met à la charge de l’employeur l’obligation de protéger la santé physique et mentale des salariés. À cette fin, l’employeur doit mettre en place des actions de prévention des risques professionnels, des actions d’information et de formation ou encore, la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
Ainsi, l’employeur ne doit pas se contenter de mettre fin aux agissements de harcèlement moral. Il a l’obligation de tout mettre en œuvre pour que le harcèlement ne survienne pas. À défaut, il peut être condamné pour manquement à son obligation de sécurité.
Preuves d'un acte de harcèlement moral
Il n’est pas toujours facile pour une personne de prouver le harcèlement moral dont il est victime. La victime doit établir des faits “précis et concordants” permettant de présumer l’existence d’un harcèlement. Elle doit donc établir la preuve des agissements ayant pour objet ou effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits ou à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. Les preuves peuvent être rapportées par témoignages, mails, SMS, courriers.
Attention, la victime doit apporter la preuve de la réalité des faits mais elle n’a pas à prouver que ces faits sont constitutifs de harcèlement.